Cette année, la Saint-Jean a dû mettre de côté ses flamboyantes traditions, sécurité publique oblige. Pas de feux d’artifice, pas de célébrations sur les plaines. Seulement un gros spectacle virtuel et des partys entre amis. Mais pour une de nos Erodiennes, cette journée plutôt banale s’est transformée en sauvetage animalier digne des frères Kratt. Voici son histoire…

Depuis le confinement, mon copain et moi, on a pris l’habitude d’aller marcher dans notre quartier. Le matin de la Saint-Jean, alors qu’on retournait à la maison, on a aperçu une toute petite boule de poils noirs et blancs sur le bord de la rue. C’était une minuscule mouffette !

Ceux qui me connaissent peuvent en témoigner : rien ne m’arrête quand vient le temps de sauver un animal en détresse. Quand j’ai vu la petite bête recroquevillée, je suis passée en mode « sauvetage ». J’ai soulevé le bébé et l’ai délicatement inspectée pour m’assurer qu’elle n’était pas blessée. Puis, je l’ai déposée au fond d’un bac emprunté à un voisin.

En parlant avec une dame du voisinage, on a su que quelques jours auparavant, elle avait contacté un exterminateur pour relocaliser une mouffette qui avait élu domicile dans son cabanon. Voilà qui nous confirmait une chose : Maman ne reviendrait pas chercher son bébé. Après avoir vérifié qu’il n’y avait pas d’autres orphelins dans le coin, on s’est rendu chez nous avec notre nouveau coloc, qu’on avait décidé de nommer Jamie.

Même si on était plein de bonne volonté, on ne savait pas vraiment comment s’occuper de ça, un bébé mouffette. On a donc fait nos recherches et appris qu’il ne fallait pas lui donner de lait de vache, seulement de l’eau. Il existe bien une formule de lait vendue en animalerie qui aurait fait l’affaire, mais bien sûr, tout était fermé. N’ayant pas non plus de biberon sous la main, c’est avec un gant en caoutchouc trempé dans l’eau qu’on a pu le faire téter, lentement mais sûrement.

On a aussi lu qu’on ne devait pas lui offrir d’herbe ou de brindilles. Il avait surtout besoin d’une chose : une source de chaleur. On a chauffé un sac magique au micro-ondes, puis on l’a enroulé dans une serviette et déposé dans le bac. Le petit s’y est tout de suite installé : voilà que j’étais rassurée !

Malgré son très jeune âge (ses yeux étaient encore fermés), Jamie avait tout de même le réflexe de lever ses minuscules fesses quand il entendait un bruit fort. Comme il était trop jeune pour que son jet de défense soit fonctionnel, sa seule arme demeurait son irrésistible cuteness.

Je savais bien que ça serait tout un défi de trouver de l’aide le jour de la Saint-Jean. Après de nombreux appels — protection de la faune, SPCA, hôpitaux vétérinaires, refuges —, on a finalement trouvé quelqu’un qui pourrait relocaliser le bébé auprès d’une famille de mouffettes sauvages.

On a pris soin de Jamie toute la journée, en s’assurant de laisser le moins possible notre odeur sur lui. Quand on devait le manipuler, c’était toujours avec des gants en caoutchouc. Je savais qu’il ne fallait surtout pas faire entrer l’animal chez soi ou le mettre en contact avec nos animaux de compagnie. La base, quoi !

Je ne vous le cacherai pas : on a bien failli garder cette petite mouffette chez nous. Mais au fond de moi, je savais bien que la vie en nature était ce qu’il y aurait de mieux pour lui. On lui a donc dit au revoir, le cœur gros et la larme à l’œil.

Bonne chance Jamie !